Rencontre avec Louise Dib, graphiste et typographe

Étudiants

Louise Dib a choisi la typographie et le graphisme pour métier. Diplômée de l’Ecole Supérieure Estienne  des Arts et des Industries Graphiques Île-de-France, elle est actuellement installée en Algérie et vit de sa passion. Louise Dib est également la petite-fille du pionnier de la littérature algérienne, Mohamed Dib

Un mot sur votre parcours académique (études en arts appliqués option

Après un Baccalauréat littéraire option « histoire de l’Art », une Mise à Niveau d’Arts appliqués et un BTS en Communication visuelle (anciennement appelé Design graphique),  je me suis orientée vers la typographie.  Intéressée par le rapport entre la lettre et l’oralité, le signe et le son, j’ai choisi ce thème pour mon sujet de mémoire et mon projet de diplôme. Après avoir étudié l’image en Histoire de l’Art et en BTS, j’ai choisi de me spécialiser dans le domaine de l’édition et d’étudier la typographie, afin d’intégrer cette discipline du graphisme.

 

Votre projet personnel et vos réalisations (typographie, édition et ph

A la fin de mes études en 2011, j’ai commencé à travailler en temps qu’assistante du directeur de création au sein du Studio CLAM à Paris, dirigé par le nigérian Andy Amadi Okoroafor qui m’a appris à travailler en freelance. Le studio, plutôt orienté vers l’image et la vidéo, m’a permis d’apporter ma valeur ajoutée en création typographique, à travers la création d’une typographie pour le magazine CLAM.

Plus tard, en 2013, j’ai eu l’occasion de rencontrer les éditeurs de la maison d’édition algéroise « Barzakh » pour la première fois à Paris. Ils m’ont alors proposé de venir en Algérie et d’être associée à  la création du livre « Alger sous le ciel » dont j’ai conçu la mise en page. Depuis, je travaille avec eux sur de nombreux projets. Cette collaboration m’a ouvert beaucoup de portes et plusieurs perspectives de créations se sont ensuite dessinées à Alger.

Après un bref passage à Marseille où j’ai découvert des structures d’édition indépendantes et un tissu associatif fort, j’ai commencé à imaginer un concept d’ateliers autour de l’Art et de la typographie à Alger.

J’ai ensuite rencontré mon fiancé à Alger en 2014, le graphiste Riad Hamed Abdelouahab, avec qui j’ai animé un atelier de collage participatif autour des typographies de la rue dans le cadre de la biennale de « Djart’14 » en 2014. En 2016, nous décidons de créer ensemble le studio graphique CHIMBO, spécialisé dans l’édition et l’identité visuelle. Nous avons alors notamment travaillé sur la création du journal du métro d’Alger, la création de l’identité visuelle de l’école maternelle « Montessori Algérie » et de l’espace culturel, nommé le 48 (café-restaurant, “le perchoir”, librairie “L’arbre à dire” et salle de conférence, l’Espace Agora),  ainsi que la conception graphique de la revue socioculturelle  « Esprit bavard. Algérie autrement dite, autrement vue ».

Raid et moi-même avons par la suite conçu le projet « MASSAR1 », un concept d’ateliers itinérants de Land Art et de photographie. Un collectif d’artistes nous a rejoints en 2017 afin d’offrir l’opportunité aux jeunes de 6 régions d’Algérie, d’Alger à Tamanrasset, D’être initiés aux techniques artistiques en pleine nature. Je suis actuellement formatrice et enseigne le design graphique et la typographie dans une école de design à Alger.  j'ai également enseigné la typographie et le design éditorial à l'institut français d'Alger lors de courtes formations.

Qu’est ce qui a motivé votre choix de revenir en Algérie ?

Tout d’abord, je suis amoureuse de la culture arabe et berbère, et fascinée par les cultures composites (composées de plusieurs cultures). Dans ce sens, je travaille à faire correspondre au sein d’un même dessin (logo ou composition graphique) les deux écritures latines et arabes.

Pour ce qui est de mon choix professionnel, mon retour a été motivé par l’ouverture des secteurs culturels et les challenges qu’ils représentent. L’éducation, les institutions culturelles, les Arts plastiques et graphiques sont en pleine révolution, une révolution qui se fera sur le long terme, soulevée par de nouveaux artistes qui donnent à voir une Algérie moderne passionnée d’Art. J’ai souhaité m’y inscrire en tant que formatrice et créatrice dans l’Art, le graphisme et surtout la typographie qui reste un domaine très peu développé en Algérie…

En juillet 2017, j’ai organisé l’atelier « Makhbar el Khatt – laboratoire de recherche typographique » avec le soutien de l’Institut Français et du Goethe Institute. Il s’agit d’un atelier de deux semaines sur le thème de la recherche typographique, qui a réuni 12 stagiaires et 4 formateurs autour de la typographie arabe, tifinagh et latine.

Vivre en Algérie a rendu possible pour moi le rêve d'avoir plusieurs activités complémentaires (créer des concepts de formation, former et créer dans le domaine du graphisme et de la typographie).

Quel est selon vous l’apport d’une expérience en France pour un(e) étu

Tout d’abord, il n’y a pas d’école de Design en Algérie regroupant les Arts appliqués que sont le design d’espace, d’objet, de mode et de communication visuelle.

Il y a en France de bonnes écoles de design publiques qui ont la qualité d’être accessibles sur concours et /ou présentation d’un dossier de travaux.

Ensuite, la France a cette chance d’être un carrefour d’étudiants du monde. Aussi, il est intéressant de rencontrer des étudiants du monde entier, dans le secteur de l’Art ou de la culture et de pouvoir partager avec eux. Le programme « Erasmus » donne encore plus d’idées pour découvrir le monde. Le second apport est la richesse des ouvrages sur l'Art et le graphisme, de toutes les époques, que l’on peut trouver par exemple à la Bibiothèque Nationale de France et à la bibliothèque du Centre Pompidou.

En tant qu’étudiant, nous accédons facilement à toute forme de culture, bibliothèque, expositions, spectacles et cinéma à des tarifs préférentiels !

Un mot d’encouragement pour les futures générations

Cherchez toujours à vous épanouir pour donner le meilleur de vous-mêmes et gardez en tête que l’on apprend tous les jours !Le secteur de la culture et des Arts appliqués est en pleine construction en Algérie, soyons nombreux à imaginer et à créer le design de demain ! 

Le réseau France Alumni Algérie est un réseau porteur pour créer des ponts entre les deux rives de la méditerranée,  afin de créer des échanges intellectuels. Les étudiants issus des secteurs du design et de la culture ne sont pas encore beaucoup représentés, j’espère voir grandir cette communauté !

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